Elle dépose un bouquet de chrysanthèmes du bout des doigts et caresse le marbre froid et humide. Ses yeux commencent à s'embuer, son coeur se resserre dans sa poitrine, ses mains tremblent doucement, sa respiration se saccade. C'est alors qu'elle explose en sanglot. Ses jambes se courbent sous son poids, ses genoux se cognent contre la dalle, elle a mal mais elle s'en fiche, la douleur qu'elle ressent au fond de son coeur est encore plus terrible. Ses plaintes larmoyantes transpercent la tranquillité des lieux, les oiseaux perchés sur leurs branches s'envolent hattivement. Elle se laisse glisser sur la pierre en marbre jusqu'à la recouvrir de tout son corps, ses mains tremblantes encadrent le nom inscrit en lettres dorées. " Henry Meyers". Ses larmes redoublent de puissance, elle maudit le ciel de lui avoir laissé la vie alors que l'homme qu'elle aimait est parti. D'un geste brusque, elle s'empara des fleurs et les balançent sur une autre tombe. C'est à cause des pokemons ! Si cette guerre n'avait pas explosée, rien de tout cela ne serait arrivé. Si les pokemons étaient restés à leur place, s'ils n'avaient pas été poussés par leur avidité, tout serait encore normal. Mais désormais, que peut-on qualifié de normal ? Les nombreux décès annoncés à la radio ? Les faits divers sanglants qui ne cèssent de passer en boucle à la télévision ? Les cadavres inertes plongés dans l'obscurité d'une ruelle déserte ? La peur présente sur le visage des personnes qui traversent à la hâte une route ? Le sentiment d'inquiétude qui s'est emparé du monde ? Le sentiment que la fin est proche, que les crimes se succèdent et que le suivant, ce sera nous.
Elle se relève faiblement, se servant de ses coudes pour prendre appuie sur la pierre tombale. Ses larmes ne sont à présents plus que des hoquets de tristesse, des renniflements sonores suivit d'un gémissement plaintif. Elle ramasse les fleurs et les repose sur la tombe d'Henry Meyers comme si rien ne s'était passé. D'un pas lens, elle se retourne et marche droit vers la sortie. Les pokemons ont volés la vie de son fiancé, il faudrat bien que cela se paye un jour. Et c'est elle qui vengera Henry quitte à laisser derrière elle sa propre vie.
* * *
L'homme devant elle n'est pas très grand, plutôt robuste et son costume semble trop étroit pour son ventre arrondi. Il tousse deux fois en serrant le poing contre sa poitrine. De l'autre main, il tient une feuille noircie de cases cochées. Il lève les yeux et croise ceux de la jeune femme. Il tousse derechef et s'empare de petites lunettes rondes qu'il dispose au-dessus de son nez. Ses cheveux sont gras, un mélange entre le noir d'ébène et le blanc laiteux. Son nez, vestige d'un ancien combattant, est biscornu comme s'il avait été frappé à plusieurs reprises au même endroit.
« - Vos résultats sont très impressionants. Ainsi, vous désirez rejoindre les rangs de la milice ? Nous n'avons pas encore établis votre profil psychologique cependant je ne doute pas que vous soyez une personne remarquable. Vous avez eu la meilleure note a cet examen que l'on puisse obtenir et sâchez que personne ne l'a jamais atteint avant Akira Tsukiyomi, notre grand président !
- La stratégie a toujours été mon point fort, Répondit-elle d'une voix assurée. Quand puis-je passer le test pour le profil psychologique ?
- Nous verrons ça plus tard ! S'écria le petit homme. Je ne vous cache pas que nous manquons de miliciens en ce moment, avec toutes les attaques barbarres qui pleuvent, nous ne nous en sortons plus. Vous êtes prise bien sûr, vous passerez votre autre test si vous survivez jusque là dans un mois. En attendant, je vais vous présenter à votre nouvelle demeure, et tenez, lisez ça. »
L'homme lui tendit un petit dépliant aux couleurs de la milice : rouge pourpre. La jeune femme leva les yeux vers son interlocuteur mais celui-ci était déjà parti devant pour lui indiquer le chemin. Ils sortirent du bâtiment principal et traverse une petite cours où se trouvait quelques bataillons qui formaient des positions défensives, qui s'entraînaient à riposter en cas d'attaque surprise. La jeune femme tourna la tête et s'occupa du petit homme de l'accueil. Ce dernier, malgré sa surcharge pondérale évidente, filait entre les couloirs avec une aisance presque inouïe, comme s'il avait toujours vécut ici. Ils arrivèrent enfin face à des portes placées succèssivement. La jeune femme s'avança et observa les numéros qui se dressaient face à elle. "245", "247", "249". Le petit homme sorti une clef de son veston et ouvrit l'une des portes, celle qui portait le numéro "255". Il laissa alors entrer la jeune femme qui découvrit une petite chambre étroite.
« - Je ne me souviens plus de votre prénom, ajouta le petit homme.
- Meghan, répondit-elle doucement, Meghan Anderson.
- Pourquoi avez-vous rejoint les rangs de la milice ?
- Les pokemons ont tués mon fiancé, lâcha-t-elle impassible. »
Le petit homme déglutit et se confondit en excuse avant de sortir rapidement de la petite chambre laissant seule la jeune femme. Elle s'assit sur le rebord du petit lit pittoresque et leva le dépliant qu'elle tenait entre ses mains, devant ses yeux. Il s'agissait des règles principales que devaient respecter le milicien, ainsi que son rôle. Et juste en dessous, il y avait l'histoire de cette terrible guerre. le coeur de Meghan se resserra dans sa poitrine lorsqu'elle lue.
« - La nuit du 25 août 1979 sonna le début de la Guerre des deux mondes. Le président Georges Harryson décèda dans son sommeil, assassiné par Greenwalce, jeune Farfuret aux idées radicales. Le peuple humain, profondément choqué par l'incident réclama réparation, la mort de l'assassin. Mais le peuple pokémon, alors dirigé par Garroc le puissant, n'étaient pas en accord avec le peuple humain, ils voulaient le punir certes mais la mort n'était pas la solution. Les humains, n'écoutant qu'eux-mêmes décidèrent de pendre le Farfuret en place publique rassurant ainsi la population. Garroc, outré par l'affront, se retira avec ses fidèles dans des plaines éloignées, et un soir, alors que les humains tombèrent de sommeil, des pokemons surgirent de nulle part et tuèrent sans pitié des milliers de familles humaines, innocentes. Le lendemain, un spectacle de mort s'offraient aux quelques survivants. Les villes étaient désertes de toute présence, on apella ça, des villes fantômes. C'est comme si le temps c'était arrêté et avait tout figé sur place. Le nouveau président des humains annonça alors définitivement la guerre. Lorsque Garroc mourut auprès des siens, il menaça le monde humain. "Ils vont tous périr dans d'attroces souffrances !" Désormais, le monde pokemon et le monde humain se livrent une bataille sans merci et les quelques pokemon que l'on voit encore dans les villes ne sont désormais plus que des esclaves servant de riches familles humaines. »